Le début de l’année nouvelle est un temps particulier d’intercession pour la paix. Voici des extraits de l’homélie du Patriarche latin de Jérusalem lors de la messe de Minuit au moment même où la violence continue de régner en Terre Sainte.
(…) Cette nuit, le silence de la grotte sera plus fort que la voix des canons et des mitraillettes. Le silence de la grotte donnera vie à ceux dont les larmes ont étouffé la voix et qui se sont réfugiés dans le silence et l’impuissance.
Sur l’Etoile qui marque l’emplacement de la Naissance de Jésus, a quelques mètres d’ici, l’histoire a écrit son mot : “Ici est né le Christ”. Oui, ici à Bethléem est né le Christ, ici les Anges ont chanté : “Gloire à Dieu au plus haut des cieux!” et nous ont annoncé : “Aujourd’hui vous est né un sauveur!” Telle est la cause de notre grande joie! Alors, comme les bergers, nous allons visiter le lieu de la nativité. L’Emmanuel est avec nous… Il a planté sa tente parmi nous… Et nous Lui devons appartenance, obéissance et adoration.
La naissance de Jésus a suscité une nouvelle vie pour les pasteurs et les Mages, à qui Il a ouvert le cœur et éclairé la route et la conscience : “Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire” (Lc 2, 12). En visitant Bethléem et la crèche, et en adorants l’Enfant, les pasteurs sont devenus les prototypes de ceux qui veillent et attendent le retour de leur maître.
Avec la conversion des bergers a commencé le processus de la foi en Dieu fait chair ; en venant adorer l’Enfant, ils ont également tracé la route des pèlerins vers ce lieu saint. Dieu a fait de Bethléem sa demeure et le lieu de sa rencontre avec les hommes.
Bethléem, ville de la paix, de l’amour divin et de la réconciliation. Celui qui a pu guérir les malades et ressusciter les morts est aussi capable de rassembler les peuples dans la paix et la sécurité. Celui qui a enseigné l’amour, la justice et l’égalité, est capable de faire de la pauvre grotte une école de réconciliation, où les dirigeants et les responsables des destinées des peuples sont enseignés sur le sens du bien, de la justice et de la stabilité.
La paix est un droit pour tous les hommes ; c’est également la solution à tous les conflits et à tous les différends. La guerre ne produit pas la paix, et les prisons ne garantissent pas la stabilité. Les plus hauts murs n’assurent pas la sécurité. Ni l’agresseur ni l’agressé ne jouissent de la paix. La paix est un don de Dieu, et Dieu seul donne cette paix-là : “Je vous donne ma paix”, nous dit Jésus. “Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne” (Jn 14,27).
O Enfant de Bethléem, longue est notre attente, et nous sommes fatigués de notre situation, de nous-mêmes aussi. Nous cherchons tout sauf Toi, nous nous attachons à tout sauf à Toi, nous écoutons tout sauf Ta voix… Nous sommes assommés par les beaux discours et les promesses. Les pleurs des veuves et des enfants se mêlent au bruit des canons et des mitraillettes, nous brisent le cœur et rompent le silence de la grotte et de la crèche…
Nous avons tellement besoin de calme, de silence! Nous avons grand besoin de paix, c’est certain, mais nous avons surtout besoin d’enfance et d’innocence. Toi, le pauvre, malgré ta petitesse, ta faiblesse et ta pauvreté, tu es le seul capable de nous donner ce qui nous manque. O Enfant de Bethléem, viens afin que la fête soit plus fête!
Bienvenue à Toi qui nous enseignes que l’amour est un martyre continu, et que le martyre de l’amour, de la paix et de la justice ne mourra jamais ;
Bienvenue à Toi qui nous rappelles que la richesse est dans le don et la réconciliation, que la grandeur réside dans l’humilité et la douceur ;
Bienvenue à Toi qui nous rappelles par ta naissance et ta mort que l’amour seul construit, et que sa force est plus puissante que tout parce qu’il se fait nourriture pour les affamés, vêtement pour ceux qui sont nus et main tendue à tous les hommes qu’il soigne et réconcilie, loin des divisions, des cloisons et de la haine.
En cette nuit bénie nous lançons aux nations, aux individus et aux familles un appel au pardon. Et que Dieu, qui nous pardonne nos péchés, nous donne le courage, la force et l’amour de pardonner à ceux qui nous ont offensés.
La Paix soit sur Bethléem et sur tous les habitants de Terre Sainte.
La Paix soit sur tous les pèlerins et visiteurs.
La paix soit sur tous les chercheurs de paix.