Un peu partout en France et ailleurs, le 15 août est l’occasion de célébrer la Vierge Marie.
Voir aussi :
L’entrée de Marie dans la gloire de Dieu
L’Assomption dans l’Apocalypse
La Vierge Marie à la Visitation
Le 15 août, on marche en procession vers les sanctuaires connus, on organise des petits pèlerinages vers les chapelles cachées dans la nature. Pourquoi aujourd’hui, ici comme ailleurs, cet élan, ce besoin de redevenir pèlerin et de marcher en l’honneur de Marie ?
Quand l’homme a le vent en poupe et se sent le maître de l’univers, il pense ne pas avoir besoin de Marie. Par contre, quand l’homme est blessé, faible, désorienté par une époque difficile, il a besoin de bras maternels et se tourne vers elle. Mais, y aurait-il une prière pour les « faibles » passant par Marie alors que les forts iraient directement au Christ ? Non, certes, car finalement, on ne prie que Dieu.
On prie avec Marie, comme elle, avec elle pour se laisser mener vers son Fils.
Celle qui a su dire « oui », qui que nous soyons, nous trace un chemin pour nous conduire dans les pas du Christ, vers le Père.
Aux « forts », elle apprend à se laisser faire au lieu de tout prendre en main. Aux « faibles », elle donne de se sentir aimés et accompagnés . Pour les uns et les autres, Marie est bien la mère, celle qui guide les pas de l’enfant qui apprend à marcher.
La fête de l’Assomption de Marie, c’est la célébration de la réussite de l’amour de Dieu dans le cœur d’une femme de la terre qui s’est livrée au souffle de l’Esprit, à la force de la Parole.
Nous ne célébrons pas tant la gloire de Marie que la gloire de Dieu, qui a accompli pour elle des merveilles et inauguré en elle les cieux nouveaux et la terre nouvelle. C’est un monde où les puissants sont renversés, les humbles élevés, les riches renvoyés et les affamés comblés : le monde de l’Evangile.
Aujourd’hui, nous célébrons l’accomplissement de l’humanité déjà réalisé, non seulement en une personne divine incarnée, mais en une personne humaine divinisée. Marie est la première créature de Dieu, qui, dans la grâce particulière qui lui a été donnée, nous indique le terme de notre route en même temps que le chemin pour y parvenir. C’est le Christ. Et c’est vers lui qu’elle nous conduit.
A la lecture des évangiles, on constate aisément que sa vie a été très bousculée, depuis le « oui » de l’annonciation qu’elle n’a jamais repris. « Je suis la servante du Seigneur, qu’il fasse de moi ce qu’il voudra ». Le Seigneur l’a prise au mot.
Sa vie nous montre ce que doit être la vie de l’Eglise, ce que doit être notre vie.
Vivre, pour l’Église, c’est être toujours en route, toujours prête à partir en exode sur tous les chemins des hommes. On a parfois l’impression que c’est la pleine tempête ; comme pour la fragile barque des apôtres sur le lac de Tibériade, on parle de « crise ». C’est peut-être tout simplement le souffle de l’Esprit-Saint qui la pousse en avant, qui l’appelle à se convertir et à se réformer car elle est toujours tentée de se figer dans la passé au lieu de s’élancer vers l’avenir pour préparer partout le royaume de Dieu.
La vie de Marie nous montre aussi par le fait même ce que doit être notre vie chrétienne : une conversion sans cesse recommencée. Il nous faut sans cesse repartir nous remettre en route, en marche, à la suite du Christ, ensemble, en Eglise, avec Marie.
Nous sommes toujours tentés de nous installer dans nos petites habitudes, dans nos soi-disant certitudes, dans notre petit monde, alors que le monde réel se transforme et que c’est dans ce monde toujours changeant que nous devons être lumière et ferment de justice et d’amour.
Catéchèse de Mgr Schockert, évêque de Belfort-Montbéliard