Une catéchèse pour l’Avent, par Monseigneur Claude Schockert, évêque de Belfort-Montbéliard.
Cette période liturgique que nous appelons le temps de l’Avent est celle de la préparation à Noël. Noël nous rappellera la présence de Dieu au monde, sa proximité et son amour pour chacun, fut-il le plus éloigné.
Mais quel Noël allons-nous vivre dans ce monde désenchanté à bien des égards ?
La tentation est plus forte de réduire Noël à une fureur de consommation pour les uns, à une trêve familiale pour d’autres, ou à une évocation nostalgique de l’Enfant Jésus et de la pureté de notre enfance.
En ces temps difficiles pour le plus grand nombre, durant les semaines qui viennent, ne cessons pas de crier avec le prophète Isaïe : « reviens, pour l’amour de tes serviteurs. Ah ! si tu déchirais les cieux, si tu descendais… Tu étais irrité par notre obstination dans le péché et pourtant, nous sommes sauvés… Tu es notre Père. Nous sommes l’argile, et tu es le potier : nous sommes l’ouvrage de tes mains ». (lecture du 1er dimanche de l’Avent).
Dans les lectures proposées, on constate cette orientation vers l’avènement du Seigneur.
Le premier dimanche est arrachement à la torpeur, réveil en vue de la venue du Seigneur par un dévoilement du sens de l’histoire. Le deuxième dimanche présente Jean-Baptiste et son appel à veiller : il faut préparer un chemin. Le troisième dimanche, avec sa tonalité de joie, désigne celui qui vient : c’est Jésus. Le quatrième dimanche, dans la proximité de Noël, annonce qui est Jésus ; l’image de Marie rassemble le parcours des semaines précédentes dans l’évocation de sa disponibilité à la Parole.
En fait, nous nous préparons à écouter la Bonne Nouvelle de Noël dans toute son ampleur prodigieuse : « Christ est venu, Christ est né, Christ a souffert, Christ est mort, Christ est ressuscité, Christ est vivant, Christ reviendra, Christ est là ».
Christ est venu… réjouissons-nous.
Christ est né : ce n’est pas un souvenir du passé. C’est un événement unique. Le Fils de Dieu s’est fait l’un de nous. Dieu est avec nous. Désormais, tout est changé ; l’histoire est coupée en deux : avant et après Jésus-Christ. Aux hommes qui attendent, Jésus vient dire : Je suis le Pain, le Pardon, la Vie, la Lumière, la Paix, pour tous les hommes.
En lui, la bonté de Dieu s’est manifestée de façon définitive.
Célébrer Noël, c’est boire à une source qui jaillit sans fin.
Dans la prière et dans la paix, osons prendre du temps pour nous brancher à cette source qui est Dieu même, et, pour garder avec Marie, cet événement dans un cœur émerveillé.
Réjouissons-nous, car Dieu veut déployer en nous de nouvelles richesses de son amour.
Christ reviendra… réveillons-nous
De nous-mêmes, nous allons à la mort et le monde avec nous.
Avec son humanité, Christ est ressuscité, il a traversé le mur de la mort : il est entré dans le monde de Dieu. A tous ceux qui croient en lui, il dit à présent : « dans les ténèbres, se lèvera une grande lumière », « alors on verra le Fils de l’homme venir dans toute sa gloire ».
Ce jour-là, nous découvrirons enfin le Christ en plénitude : Fils de Dieu, lumière et vie des hommes, seigneur de toutes choses. Quelle espérance !
En vivons-nous, la partageons-nous ? des jeunes s’interrogent avec angoisse : pourquoi travailler, pourquoi vivre ? Pourquoi mourir ? Où allons-nous ?
Par ces questions, n’est-ce pas jésus lui-même qui nous crie : « réveillez-vous ! Heureux êtes-vous de savoir que l’humanité, malgré tout, va vers ce grand Jour où je reviendrai combler l’attente de tous. Vivez dans cette attente ».
Christ vient… redressons-nous !
Au dernier Jour, tout deviendra clair : telle est notre espérance. En fait, aujourd’hui, tout est déjà là : Christ est là et se donne à nous pour de bon. Celui qui croit en Lui a la vie éternelle.
Le retour du Christ dévoilera la réalité cachée qui est le secret des chrétiens : pour nous « vivre, c’est le Christ ». La vie avec Dieu, la vie éternelle est déjà commencée. Le ciel n’est pas un « au-delà », il est déjà anticipé dans notre vie de foi, d’espérance et de charité.
Les sacrements nous en donnent l’assurance en nous faisant communier aux actes et à la vie du Christ ressuscité. Christ est là, dynamisme de Dieu donné pour vivre notre vie d’hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes. C’est littéralement inouï.
Dans nos limites et nos faiblesses, Christ est là, Plénitude de Dieu.
Dans nos fatigues et nos solitudes, Christ est là, espérance de la Gloire.
Dans chaque événement, Christ vient et frappe à nos portes.
Dans nos tâches humaines, Christ vient, germe divin du monde nouveau qui déjà soulève l’humanité.
Ecoutons-le nous dire en ce temps de l’Avent : « redressez-vous, car non seulement je suis venu mais je suis là et je viens chaque jour en vos vies.
Relevez donc la tête, car Dieu vous traite en amis et en partenaires : « C’est debout que je vous invite à paraître lors de mon retour ».
Au fur et à mesure que nous avançons dans le temps de l’Avent, nous sommes invités à partager l’attente d’Isaïe, de Jean-Baptiste, de Marie et de Joseph. Que leur attente soit aussi la nôtre.
Qu’elle nous aide à reconnaître cette triple et unique venue du Christ.
Qu’elle nous ouvre à l’émerveillement du don de Dieu et nous donne un courage neuf pour faire advenir l’homme, un homme debout à l’image du Christ
Réjouissons-nous, réveillons-nous, redressons-nous.
A tous, bonne préparation et joyeux Noël.